Il y a quelques temps, un couple de "personnes âgées" s'étaient donné la mort au Lutécia. Ils étaient vieux (dans les 90 ans, je crois), amoureux, et conscients que le meilleur était derrière. Ils étaient encore en bonne santé et lucides. Partir tous les 2, choisir de partir, et pas faire subir à l'autre sa maladie, sa déchéance, son absence, je trouve ça cool. Surtout s'ils avaient vidé le mini-bar, commandé du caviar/homard/Don Pérignon au service d'étage, et... pas payé la note! Là, c'est la grande classe.
La question de la "fin de vie" est effleurée. Même pour les "Normaux", la question de mourir "dans la dignité" se pose donc?
Je n'aime pas ce terme: "personnes âgées", je le trouve presque irrespectueux, stigmatisant, alors que c'est une fatalité à laquelle nous aurons tous droit (sauf exception).
Bizarrement, depuis que j'ai soufflé mes 30 bougies, mon rapport au Temps qui passe a complètement changé. Avant je regardais avec amusement et incompréhension, le matraquage publicitaire pour les produits "anti-âge". Quelle appellation surprenante! "Anti-âge", ça annonce la couleur... Dans notre société actuelle, il faut nier son âge, le cacher, le camoufler...
Donc avant, je m'interrogeais sur la santé mentale des bécasses gonflées au botox et adeptes du bistouri... Mais ça, c'était avant!
Maintenant j'appréhende ma première ride, manque de fondre en larmes quand j'imagine un agent sans tact dire à une top model de 32 ans: "t'es gentille mais va falloir y aller. T'as déjà pensé à ta retraite?", et vois les personnes aux cheveux blancs comme des guerriers survivants. Tout vu, tout vécu, avec ces marques sur le corps, telles des médailles qui disent: "Z'avez vu? Et je suis encore là!".
Et puis, il y a eu "le cas Lambert" qui a relancé le débat sur l'euthanasie, et là... le sujet me concerne. Je sais qu'à la fin, je serais dans un piteux état. Sans parler de souffrances physiques, je serai prisonnière de mon corps, consciente mais incapable de bouger. Comme si j'étais enfermée dans une vierge de fer.
Je ne veux pas de ça, je ne veux pas finir comme ça. J'ai donc pris mes dispositions. Monsieur sait tout ce que je souhaite, le sujet est presque anodin à la maison. "On donne tout ce qui pourrait intéresser quelqu'un et on brûle la carcasse!" (tout doit disparaître!). Oui Monsieur est aussi à l'aise que moi sur le sujet. "Heu... boite en carton et balance les cendres dans la fosse commune, t'emmerde pas."
"Personne à la cérémonie. D'ailleur, pas de cérémonie."
Mais surtout, un peu d'argent de coté, pour financer un aller simple en Suisse...
A la base, je voulais écrire juste un petit mot pour dire à mes lecteurs, que j'allais bien. Et puis, les mots m'ont attrapé...
Je voulais taper quelques lignes pour expliquer que mon prochain article serait sur l'euthanasie, mais que là, en ce moment, je ne voulais pas chercher les mots justes.
Je me suis fait eu!
Sinon oui, on est dans une société où le jeunisme est de rigueur. D'ailleurs, à 40 ans, tu es considéré pour beaucoup de trucs trop vieux.
Je me souviens que lorsque j'avais 15 ans, j'avais demandé son âge à mon beau-frère, il m'avait répondu " 33 ans ", ça m'avait semblé ultra vieux et je m'étais dit que je n'y arriverais jamais.
Lorsque 50 ans ont sonné à mon compteur en octobre, je me suis dit " Oh non, déjà? ". Ca passe vite, j'ai eu le temps de rien, ou presque.
J'espère que d'ici là, nous aurons le droit, en France, à une loi belle, humaine et égalitaire sur le droit à mourir dignement lorsque nous le souhaiterons. On ne sait pas comment ça se passera, mais mourir, on y aura tous droit un jour. Bref, on va tous y passer. Et si ce n'est pas par surprise, genre infarctus dévastateur, AVC envahissant ou pulvérisé dans une bagnole, autant que ce soit bien fait.
Pour la Suisse, si ce n'est déjà fait, tu peux voir le " suicide assisté " (c'est le terme en Suisse) sur Youtube de l'écrivaine Michelle Causse il y a quelques temps déjà.